A propos du projet
Accueilli·e·s tous les matins par le chant du coq, les élèves de l’école maternelle les Goélands, située au cœur de la commune d’Anderlecht, n’ont rien à envier aux petit·e·s campagnard·e·s. Dans un clos verdoyant, les poules et le coq, les lapins, les chèvres, la mare et le potager offrent un cadre bucolique aux quelques 200 enfants que compte l’école communale. Visite guidée d’une école qui ose le vert.
Tout a commencé en 2012, avec une jardinière de plantes aromatiques. Michèle Schepens, enseignante, propose à ses élèves des activités autour du jardin, peu exploité jusqu’alors. « Même si les enfants ont un jardin, ou s’ils vont au parc, ils jouent très rarement dans la terre, ils ne la manipulent pas, constate l’enseignante. Pourtant, les enfants ont besoin de contacts avec la nature, le vivant. Cela permet, entre autres, de diminuer la violence entre eux. » Toute l’équipe pédagogique en est intimement convaincue et au fil des activités, l’herbe fait place à un potager. Avec l’aide du concierge, ami des animaux, un poulailler est installé pour quatre poules, dont une s’avérera être un coq ! Deux autres enclos sont construits pour y accueillir trois lapins et quatre chèvres. De quoi ravir les enfants.
Un écrin de verdure
Les enseignantes essayent toujours de partir du vécu des enfants, de ce qu’ils constatent dans leur environnement et de ce qui est à leur disposition. Par exemple, le ver de terre qui surgit et que l’on observe longuement, les fourmis qui font le lien avec une fable de la fontaine, le sureau découvert dans le jardin et que l’on transforme avec gourmandise en confiture… « Une mare a également été creusée pour offrir un milieu riche et favorable à la biodiversité. Enfin, le mur qui borde le potager a été peint par les élèves », souligne Michèle Schepens.
En 2017, Barbara Boite est entrée en fonction en tant que directrice. « Il m’a semblé primordial de maintenir ces beaux projets tout en les développant pour toute l’école, précise-t-elle. Pour ce faire, l’école a répondu à l’appel à projets ‘Ose le Vert’, soutenu par Bruxelles Environnement, et a été sélectionnée. « En effet, ce qui m’a frappé en arrivant dans l’école c’est son cadre verdoyant mais auquel les enfants n’ont que très peu accès. L’accompagnement Ose le Vert nous aide à repenser nos espaces disponibles. En outre, nous allons rendre accessibles les espaces verts existants et verduriser la cour tout en gardant du béton pour pouvoir faire du vélo, par exemple ». Plantes grimpantes, arbres, arche verte et plantations mellifères viendront bientôt embellir la cour de récréation.
Du temps et des partenaires
Aussi, grâce au décret ‘encadrement différencié’, une enseignante a pu être détachée, pour permettre le travail en plus petits groupes et adapter les activités en fonction des besoins des institutrices. Semis et récupération de graines, préparation de graines germées, soupe de potiron du jardin, pain aux graines de courge pour Halloween, dégustations d’œufs à pâques, jus frais de saison, ramassage des déchets dans la cour, réalisation d’affiches pour présenter les animaux de l’école, les arbres fruitiers, le potager et même ateliers Qi gong… « Ce temps supplémentaire permet l’application d’une pédagogie plus active qui favorise l’autonomie des enfants, les valorise et les implique concrètement dans l’amélioration de leur cadre de vie scolaire, ajoute Barbara Boite. Ce même décret nous a également permis d’acheter deux chalets de jardin qui nous serviront à ranger et stocker le matériel ». Dans un souci de cohérence, le tri des déchets est pratiqué dans toutes les classes et la collation, amenée par les parents, est composée uniquement de fruits, légumes ou fruits secs. Ajoutons, qu’une fois par semaine, une collation soupe est préparée par quelques enfants et distribuée aux autres classes.
En septembre 2017, toute l’équipe a pris part à une journée de formation à la réalisation de mobilier en bois de palettes récupérées. Un banc, un bac à sable et une jardinière trônent désormais fièrement dans la cour de l’école. L’Institut Redouté-Peiffer, école professionnelle et technique d’horticulture, également située à Anderlecht, est un partenaire précieux. « Les élèves sont venu·e·s nous aider à planter les arbres fruitiers, aménager le potager et chaque année, les 3èmes maternelles visitent le verger de l’institut, explique Michèle Schepens. Ces échanges entre élèves du secondaire et du maternel sont très enrichissants tant pour les petit·e·s que pour les grand·e·s ! ».
S’inscrire sur le long terme
Afin d’ancrer encore davantage les projets dans la durée, une association de parents a été créée en novembre 2017. La première réunion a été l’occasion pour l’école de présenter le projet dans son ensemble et de solliciter les parents motivés pour l’un ou l’autre coup de main. « Notre prochain objectif est la construction d’un compost en bois de palettes, s’enthousiasme l’enseignante. Toutes nos activités apprennent la patience aux enfants et leur font prendre conscience qu’on n’a pas toujours de résultat tout de suite. A l’instar de la terre du potager qui, il y a 6 ans, était très pauvre et aujourd’hui reprend vie ! Mais il est important de rassurer les parents en leur montrant les liens à faire avec les différentes disciplines à enseigner : mathématique, français, éveil… Les élèves apprennent en faisant, en mettant des mots sur ce qu’ils sont en train de faire. Et pour les enfants dont le français n’est pas la langue maternelle, c’est d’autant plus enrichissant. » Une éco-école avec des idées plein le potager, du temps qui s’écoule au vol des goélands et une place pour chacune et chacun. On leur souhaite longue vie !
Article rédigé par Hélène Colon, du Réseau IDée, publié dans le magazine Symbioses