Les débuts prometteurs d'un projet pilote
Le projet « un Repair café dans mon école » porté par l’association Repair Together et soutenu par Bruxelles Environnement, a été lancé en 2021-22. L’initiative a pour but d’installer un ou des Repair Cafés au sein même des écoles Bruxelloises. Au début de l’année scolaire, Mr Léonard et sa classe de première secondaire en sciences sociales se lance dans l’aventure. Aujourd’hui, grâce au projet, une intéressante collaboration s’est créée entre l’école Saint-Dominique et le Repair Café de Schaerbeek.
Lors des premières rencontres avec l’équipe Repair Together différents freins sont évoqués, dont le manque de compétences de réparation au sein de l’école. Rapidement, le réseau de Repair Café décide de mettre en contact Jonas Léonard et Sylvie Colassin, une des coordinatrices bénévoles au Repair Café de Schaerbeek. La maison communautaire où exerçait le Repair Café est vendue, et le groupe de bénévoles cherche un nouveau local pour s’y installer… L’occasion est parfaite pour créer un lien entre deux institutions co-existantes. Cette démarche de collaboration est une approche différente à celle initialement définie dans le projet pilote car les élèves et l’école ne sont pas eux-mêmes porteurs du Repair Café. Toutefois, la synergie apporte un grand nombre de bénéfices des deux côtés ainsi que d’excellentes opportunités d’apprentissage, le tout dans un cadre pérenne et propre à l’esprit des Repair Cafés.
Par une belle journée ensoleillée de mai, deux animatrices de Repair Together sont parties à la rencontre de Sylvie et Jonas afin de discuter de la vie du Repair Café qui a pu s’installer fin avril. Les animatrices, Sandy et Oanez, ont déjà eu le plaisir de sensibiliser les élèves de Mr Léonard lors de quatre animations organisées en classe en fin de trimestre : qu’est-ce qu’un Repair Café ? ; le tour du monde du Smartphone ; une panne dans les boitiers électriques et un aperçu de l’économie linéaire à l’économie circulaire. Ces activités qui font réfléchir à la transition écologique seront élargies par un tour des initiatives circulaires du See-U pour les élèves de 3ème et 5ème humanité en février 2022. Aujourd’hui, on compte presqu’une centaine d’élèves sensibilisés à la réparation à Saint-Dominique, et avec excitation on suit l’avancée de la collaboration entre le Repair Café et l’école !
Interview de Sylvie et Jonas, deux des acteurs du projet
Pour toi, quel est l’intérêt d’installer un Repair Café dans une école ?
Sylvie : Lorsqu’on a rencontré Jonas, nous avons abordé le potentiel qu’a le Repair Café pour remotiver les jeunes qui sont en décrochage. Le coté formatif du Repair Café c’est quelque chose qu’on adore et nous avons directement embrayé dessus ! Ici par exemple on a un jeune qui vient bénévolement avec son père réparer de l’électro et lui-même s’est trouvé dans cette situation où il n’aimait plus l’école. Pourtant il trouve du plaisir à venir travailler et apprendre au Repair Café. Il y a aussi un réel besoin de valoriser les études manuelles et le potentiel des élèves, et c’est quelque chose de central chez nous. Ce jeune nous parle même aujourd’hui d’aller motiver d’autres élèves et de créer des projets en collaborations avec des écoles pour inviter ces jeunes acteurs à visiter et comprendre le principe du Repair Café, et pourquoi pas s’y essayer… Il n’y a pas d’âge pour le bénévolat !
Jonas : Engager des élèves dans un Repair Café c’est aussi leur donner l’opportunité d’aider, de donner de leur temps et de leur savoir, et c’est une occasion qu’ils n’ont pas forcément, particulièrement s’ils viennent d’un milieu moins favorisé. C’est peut-être une des rares fois où on retourne le concept sur eux (on les met en lumière).
Quels sont aujourd'hui les avantages de la synergie entre le Repair Café et l’école ?
Sylvie : Pour nous, d’un point de vue logistique, l’opportunité nous a offert une bonne localisation en plus d’un espace avec un certain volume aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Cet espace extérieur est particulièrement apprécié lorsque je dois poncer et faire du bruit et de la poussière. Le bonheur de nos bénévoles c’est notre priorité, c’est pour ça que trouver un lieu qui s’aligne avec nos valeurs et nos envies est très important. Saint-Dominique c’est un bon terreau pour nous, il y a déjà de chouettes initiatives en place et des gens engagés. On rencontre aussi un autre public que simplement celui du quartier : des jeunes, des profs… On accueille ce public à bras ouverts ! De notre côté on s’investi également dans le lieu en lui-même. Nous voyons ça un peu comme un échange de fraternité. On répare le lieu où on fait nos réparations ! Dans la cuisine, on a ajouté des poignées aux tiroirs, des bouchons dans les éviers, on a réparé leur machine à café… On répare aussi des affaires pour les profs, comme les tableaux dont les roulettes n’allaient plus très bien !
Jonas : Grâce à cette collaboration d’une part on a accès aux compétences dont nous manquions et d’autre part certains bâtiments scolaires bénéficient d’une ouverture sur le quartier. L’école c’est une institution que les gens n’aiment pas vraiment fréquenter, mais là on a l’opportunité de changer ça. On bénéficie quand même d’un super beau cadre même si certains espaces, comme la cour, sont sous-exploités. C’est dommage de ne pas pouvoir en faire profiter plus de personnes. Logistiquement ce n’est pas évident, et là on a des personnes responsables qui se portent garantes pour gérer le local un dimanche ! Donc il y a une visée sociale et même plus encore.
Maintenant que le Repair Café est installé et que votre collaboration se concrétise, quels sont vos plans pour les élèves ?
Sylvie : Pour l’occasion, on va un peu sortir de notre cadre habituel : on va prendre les commandes de réparation à l’avance, pour pouvoir directement avoir les pièces de rechanges spécifiques pour les élèves. On a aussi demandé à des bénévoles plus spécialisés, de venir aider ! L’idée c’est de réparer ensemble, et ici on est un Repair Café sans pression. On aimerait changer les a priori, montrer que c’est ok si ça ne va pas et qu’il ne faut pas avoir peur de casser ou d’échouer. L’expérience se transmet. La maitrise, on ne l’a pas tout de suite, c’est normal ! C’est aussi important pour les jeunes de savoir qu’on peut s’amuser dans un boulot… Surtout si ce sont des jeunes en décrochage.
Jonas : On a commencé tout doucement la communication dans l’école pour faire savoir qu’il y a maintenant un Repair Café installé ici ; j’attends d’ailleurs quelques profs et éducateurs qui vont passer rendre visite cette après-midi ! L’idée serait de faire la com’ avec nos élèves, de les mettre dans l’action. Après on veut aussi organiser un Repair Café spécial pour les élèves, en semaine et avec une thématique qui les touche particulièrement… les smartphones et ordinateurs !
Les objets reprennent vie et le futur s'annonce haut en couleur !
Alors que Sylvie et Jonas discutent de bons plans, les visites s’enchainent sous le soleil et dans la bonne humeur. Une tondeuse dont il faut affûter les lames, un jouet pour enfant cassé, des chaussures à recoller… Le Repair Café de Saint-Dominique bat son plein. Les animatrices de Repair Together repartent le sourire aux lèvres, impatientes de découvrir ce que cette synergie réserve encore ! Le professeur de sciences-sociales et Sylvie, une bénévole depuis plus de 15 ans, continuent quand-à-eux à discuter de projets et possibilités futures, comme la réparation d’une flotte de vélo pour permettre aux jeunes des excursions made in Brussels !
Interview le 08/05/2022 Oanez Nisot, Sandy Van Meerbeeck, Jonas Léonard, Sylvie Colassin
Repair Café de Schaerbeek, chaque deuxième dimanche du mois dans la cour de l’Institut Saint Dominique, de 14 à 17h, entrée rue Theunis par la grille. Chacun peut venir (se faire aider à) réparer des objets en tout genre.
https://www.saintdominique.be/secondaire/sitenew/spip.php?article2956